Fireworks
Fireworks, une installation imaginée et conçue par l’Ain Rodriguez et Yann Owens
16.03 — 01.04.2023
Sérigraphie, impression au rouleau, risographie, photocopie
600 × 112 cm
Scénographie : Kévin Cadinot
Galerie Hatch
17 allée Aimé Césaire, 76600 Le Havre
Merci à Rémi Mugnier pour son aide et à Hatch pour l'accueil et l'organisation.
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Le point de départ : de simples clip arts animés, accessibles gratuitement par tous, à tout moment. Des clip arts ? Des images numériques destinés à être insérés dans des documents multimédias. Des petites touches communicationnelles, formatées, prêtes à l’emploi. Le béaba de nos échanges : une icône entre le pictogramme
et le smiley ponctuant nos bavardages distanciels et les marges de nos écrans. Ces gifs servent souvent de point final. Enfin, évoquons, plutôt, une multitude de points, car tous les clip arts prélevés ici, représentent des feux d’artifice. Ces pastilles pétillantes et décoratives s’échangent allègrement comme un besoin irrépressible de festivités et de futilité.
Les clip arts ont été passés à la mécanique de la sérigraphie. Les minuscules fenêtres ont changé d’échelles. Ces vignettes, animations joyeuses de nos extensions écraniques ont été explosées, zoomées, recadrées. Leur matière numérique, leur présence éclair et intempestive se transforment en un paysage imprimé, un long déroulé. Les couleurs RVB, les grains bitmap de ces fichiers, légers et insignifiants, sont devenus un terrain d’exploration graphique. Ils ont quitté le territoire de l’impersonnel, du tout fait, du libre de droit, pour passer entre les mains d’un graphiste — Alain Rodriguez — habitué à concevoir des livres, des séquences éditoriales et soucieux d’harmonie typographique et entre les mains d’un artiste sérigraphe — Yann Owens —, veillant à ce que les couches, les écrans et les passages ne soient pas que des termes techniques mais aussi associés à des gestes existentiels.
Cette composition duettiste se déploie tel un panorama sur une ligne horizontale, une ligne qui peut sans cesse s’inventer et se reconstruire. La narration ou les effets peuvent ou pourront, à l’avenir, lors d’autres présentations, changer. Le spectacle n’a pas de forme fixe. Sur cette ligne s’opère des focales, qui proposent des vues de près et de loin. Pas de perspective linéaire mais un horizon en mouvement. Comme le flux numérique, le spectacle est actualisable et à portée de mains.
Fireworks est un étal constitué de quatre formats différents avec quatre techniques d’impression (sérigraphie, impression au rouleau, photocopie, risographie), techniques qui peuvent parfois se mixer. Il s’agit, à travers elles, de creuser les aspérités de la matière numérique. Ça jaillit, ça pète, ça explose, ça inonde, ça s’évapore...
Cette séquence linéaire parle d’éclatements : aller au-delà des cadres attendus, avoir un humour vert jaune et une exigence noire argentée. Confronter des process et partager des domaines d’études afin d’éviter de se contenter de places préformatées ou d’angles de vues hégémoniques. Dans le ciel noir, chaque feu d’artifice crée un dessin : un dessin insaisissable, improvisé, qu’il s’agit, ici, de transformer et de magnifier. À la variabilité de la sphère numérique répond la puissance, apaisante, lentement manufacturée d’un déploiement imprimé. Un feu d’artifice laisse des impressions qui ne sont jamais consignables. Au cœur des instants contemplatifs, la dispersion. La dispersion visuelle, intellectuelle, sensible. On observe, subjugué, mais on capte si peu. Peu de la boîte noire à algorithmes, peu des bombes pyrotechniques. Mais cette plongée dans le noir, tous ces noirs (pixel, encre, typographie...), ces aplats sombres nous constituent, profondément. La création est une boîte noire, explosive, dont aucune intelligence ne percera le secret.