Workshop « Poster »

Enseigner

Texte par Vanina Pinter

Workshop Poster Laurent Lacotte, ESADHaR

Dans le cadre de l'exposition Poster au Frac Rouen, l'atelier de sérigraphie de Yann Owens a initié et accueilli un wokshop avec Laurent Lacotte. L'intention était simple : que cette exposition au Frac permette de faire émerger dans les rues de Rouen des affiches (Pour sa communication, le FRAC n'utilise et ne produit pas d'affiches).

Dans sa pratique, Laurent Lacotte ne sépare pas l'affiche de ses autres média (installation, sculpures..) et tend à intervenir dans le contexte urbain et le domaine public. Il travaille avec des moyens économiques, rudimentaires, très souvent accessibles et transportables dans son sac à dos. Laurent Lacotte est artiste. L'exposition Poster présente à 90 % de oeuvres d'artistes (issus des collections publiques) et l'ESADHaR sur son site Le Havre forme des graphistes.Il s'agissait aussi pour les étudiants de penser à toutes ses cases et ses définitions. Lors de sa première journée d'intervention, Laurent Lacotte informe d'une volonté : la fondation d'un collectif, réunissant tous les étudiants inscrits au workshop. Ainsi, allaient se fondre les affirmations égotiques et les idées de projets pensées au préalable du workshop. Pour chacun des étudiants, il a fallu se retirer de ses propres logiques graphiques pour penser (en) collectif. Le nom du collectif émerge, sara et Tony essayent, généré par un ordinateur à partir des lettres des prénoms des étudiants. Dans la logique du travail Laurent Lacotte, l'idée d'affiche générique s'impose, une affiche où l'image sera éliminée afin de ne garder que le noir et blanc du texte et la force du texte. Tout est pensé démocratiquement (du nom du collectif, au choix de la typographique). Tout est énoncé, débattu, puis donne lieu à un vote. Le troisième jour, suite à une revue de presse (lecture des journaux du X mars) sont créées sept phrases. Ces phrases sont des échos, directs, allusifs à l'actualité, aux articles choisis par les étudiants. Elles ont été pensées par un(e) participant(e), elles ont relues, corrigées, critiquées, puis des mises en pages ont été élaborées et validées. Ces sept phrases vont donner lieu à sept affiches sérigraphiques (plus une affiche signature), et suite à un repérage opéré le deuxième jour dans les rues de Sotteville, elles sont collées en série ou de façon isolée sur le chemin qui mène du métro au Frac. Les affiches presque minimalistes se démarquent et interpellent du fait de leur simplicité. Dans le contexte urbain et en prise direct avec le réel (le quotidien et leur source de l'actualité de la presse), elles posent un acte de lecture étranger à nos pratiques habituelles dans la rue. Les huit affiches (tirées à 50 exemplaires chacune) se collent et parasitent les autres affiches du fait d'une surface anormalement blanche, une surface générique, qui suggère, interpelle, plus qu'elle énoncent comme à l'accoutumée. L'intervention est pensée dans l'espace urbain, tout en étant légère, elle ne contrarie pas ouvertement, mais peut se doter de connotations plus sérieuses, si on (le citadin, comme l'étudiant) le souhaite. D'ailleurs, le Collectif pourrait prendre d'autres formes, inventer d'autres actions ultérieurement.